Le Faucon Crécerelle

Si vous voyez filer une pointe de flèche à basse altitude au bord d’une route, c’est sûrement un faucon crécerelle, l’un de nos plus petits rapaces diurnes, et l’un des plus fins.

C’est en effet le long des routes et autoroutes que vit et chasse souvent ce petit faucon : il est considéré comme le rapace européen le plus souvent aperçu, sinon observé, d’autant plus qu’il se livre avec virtuosité au vol stationnaire, comme pour distraire les automobilistes coincés dans les bouchons.

Les faucons crécerelles sont des oiseaux très répandus, dotés d’une excellente faculté d’adaptation. Non seulement ils ont découvert que l’herbe grasse des bords de route nourrissait un gibier intéressant, mais ils ont étendu ce constat aux parkings, aux voies ferrées…. Sans oublier leurs terrains de chasse traditionnels dans les landes, les marécages ou près des fermes.

La femelle du faucon crécerelle, plus grande et plus lourde que le mâle, arbore un plumage différent. Elle est couverte de plumes brun-rouge, barrées de sombre dans leur ensemble. Le meilleur moyen de différencier les deux sexes reste cependant la queue, brune marquée de sombre chez la femelle avec une tâche noire près du bout, alors que celle du mâle est grise avec un bout sombre.

Contrairement au minuscule colibri, un oiseau comme le faucon réalise son vol stationnaire grâce à une coordination parfaite des ailes et de la queue. Quand un faucon crécerelle se met en vol stationnaire, on dit qu’il « fait le saint-esprit ». Il s’y livre sans effort apparent ; pourtant ses ailes et sa queue réagissent aux moindres variations du vent. Face à un vent constant, il se contente d’ajuster sa position grâce aux plumes qui bordent ses ailes : ceci crée l’illusion qu’il est suspendu en l’air. Même dans les rafales, il reste stable, grâce à des mouvements ultra-précis des ailes et de la queue. Quand le vent est trop mauvais, il se contente de décrire des cercles pour chasser.

Les crécerelles renouvellent leurs plumes tous les ans, mais cette mue prend plusieurs mois, afin qu’ils puissent continuer à voler et chasser ? La femelle commence à muer au nid, en s’occupant des œufs et des petits. On entend souvent les « kii ! kii ! kii ! » des faucons pendant la saison de nidification. Le reste du temps, ce sont des oiseaux plutôt silencieux. Les jeunes émettent un genre de miaulement grinçant pour appeler leurs parents.

Le couple travaille en équipe : le mâle chasse tandis que la femelle reste au nid pour s’occuper des œufs et des petits. La saison de nidification s’étale sue 4 mois, d’avril à juillet. Elle dépend des conditions météorologiques, qui déterminent le nombre de rongeurs ou oisillons pour nourrir la couvée.

Les faucons crécerelles ne construisent pas de nids, ils empruntent ceux des pies, corbeaux, écureuils… ou s’installent dans un arbre creux, une carrière ou une falaise. Ils peuvent aussi nicher en haut d’une ferme abandonnée, dans un clocher, sur un immeuble élevé ou sous un pont.

En avril ou mai, la femelle pond 4 à 5 œufs blanchâtres tachés de brun-rouge. Elle pond le matin, tous les 2 jours, et couve à partir du 3ème. Les poussins piaulent déjà dans l’œuf avant l’éclosion, 27 à 29 jours après. Au début, ils sont entièrement dépendants. La mère les tient au chaud et déchiquette les proies pour les nourrir. Ils grandissent vite et sont bientôt capables d’engloutir des insectes entiers ou de découper eux-mêmes des lambeaux dans les proies.

Quand il plane, le faucon crécerelle se tient face au vent, grâce à des palpitations précises de sa queue déployée et de ses ailes, qui le maintiennent immobile. Sa tête, fixe, analyse le sol à la recherche de proies.

La force du faucon crécerelle, c’est sa vitesse de descente sur la proie, et son freinage au dernier moment, quand ses serres se sont déjà refermées sur la malheureuse victime. Une fois la proie prise dans les serres, le faucon crécerelle vole jusqu’à un site… d’exécution, où il achève sa prise d’un coup de bec à la nuque. Cependant le bec est surtout utilisé pour déchiqueter la proie.

Le faucon crécerelle est parfaitement adapté au repérage de petites proies mobiles au sol. Ses grands yeux très sensibles, balaient un incroyable champ avec une précision extrême. Hauts placés sur la tête, ils lui offrent, dans une certaine mesure, une vision binoculaire pour apprécier les distances. Il est aussi capable de voir l’ultraviolet. Cette qualité lui est très utile car son gibier principal, le campagnol, se déplace dans l’herbe épaisse en marquant ses passages de jets d’urine qui brillent à la lumière ultraviolette (invisible pour nous).

L’altitude du vol de faucon crécerelle varie de 10 à 40 mètres ; il peut repérer un scarabée à 50 mètres et un petit oiseau à 300 mètres ! Comme le vol stationnaire est une excellente technique de chasse, il s’y livre plus souvent en été, quand les faucons ont des petits affamés au nid. Si ce vol consomme beaucoup d’énergie, il est cependant parfaitement rentable quand la nourriture est abondante.

En hiver, pour économiser ses forces, le faucon chasse à partir d’un perchoir : arbre, poteau ou fil de téléphone, pylône ou câble électrique, ou même encore un lampadaire urbain. Dès qu’il repère une proie, il fond sue elle en un éclair pour la surprendre.

Les faucons crécerelles, bien adaptés à la vie urbaine mangent beaucoup de petits oiseaux comme les étourneaux, les moineaux et parfois même les pigeons. Les villes nourrissent aussi leur lot de souris et de rats qui n’échappent pas à l’œil de ce petit faucon. Après un bon repas, il digère paisiblement. Puis il régurgite les plumes et poils non digestibles en paquets que l’on retrouve sous les perchoirs ou les nids.