Le Desman

Le desman est bien notre plus étrange insectivore : c’est un « fossile vivant »; relique d’une faune révolue. Il n’est connu du monde scientifique que depuis le siècle dernier. Le desman n’existe que dans les départements pyrénéens en France.

Le desman exige des eaux claires : il semble gravement dérangé par la pollution et les perturbations qui affectent les rives où il vit : il est probable qu’il n’apprécie guère les pesticides et le généreux salage des nouvelles routes desservant les stations de sports d’hiver.

Le desman est solitaire et territorial, habitant quelques centaines de mètres de rive. Presque aveugle, le desman est un chasseur nocturne, qui se nourrit surtout de petites proies aquatiques capturées au fond de l’eau.

Sa trompe plate et très mobile est son principal organe sensoriel : grâce à elle, il pressent les obstacles sous l’eau, et il peut flairer les odeurs dans l’air et dans l’eau. Il habite un terrier « chaud » et sec pourvu d’une issue immergée.

Le desman se reproduit de janvier à juillet : il peut y avoir deux portées dans la belle saison : la femelle met bas trois à cinq petits qu’elle allaitera un mois ; à six semaines, les jeunes sont sexuellement adultes.

Entre deux plongées, le desman consacre beaucoup de temps à essorer son pelage ; paradoxalement, ce montagnard craint le froid.

Dès qu’il est sortir de l’eau, le desman se met au sec sur une pierre ou une souche. II s’ébroue vigoureusement et presse consciencieusement son pelage pour en chasser l’eau. Cet « essorage », qui dure longtemps, est impératif : le desman n’aurait pas assez d’énergie pour résister au froid s’il laissait mouillée sa fourrure.

Comme le cincle, le desman est un spécialiste de l’accrochage au fond, en dépit de la force du courant, mais il utilise, lui, ses griffes aiguës pour rester plaqué aux pierres. Il se nourrit aussi bien en explorant le fond de sa trompe qu’en happant au passage des insectes ou des crustacés en train de dériver.

Bon et vigoureux rongeur, le desman n’utilise que ses puissants pieds palmés et sa queue plate agrandie de soies natatoires. Pendant la propulsion, il plaque ses mains contre ses flancs.

Larves d’insectes aquatiques, vers, crevettes d’eau douce, constituent son régime ; il y ajoute des animaux terrestres pris sur la berge et ne dédaigne pas un alevin ou un têtard.