La Mésange à longue queue

Un vol de mésanges à longue qu’évoque une volée de flèches multicolores décochées par une fée dans les arbres ou par-dessus les haies.

L’air résonne d’un chœur de  » tsirip ! tsirip !  » aigus juste avant l’apparition d’un vol de mésanges à longue queue ; Le secteur se couvre d’oiseaux affamés se poursuivant dans les branches. Quand les mésanges à longue queue s’abattent sur un arbre ou un buisson, celui-ci s’anime soudain d’une vie propre. Elles cabriolent à l’envi, avec leur queue qui bat la mesure. Toujours en mouvement, elles pourchassent les insectes jusque sur les plus fines brindilles. A peine sont-elles arrivées, qu’elles repartent déjà.

La vitalité de ce petit oiseau et ses postures acrobatiques suscitent autant d’admiration que sa joliesse. Quand on voit une mésange à longue queue, on comprend d’où vient son nom ! Un coup d’œil permet de remarquer sa queue élancée, la plus longue par rapport au corps de tous nos petits oiseaux. Sans cette queue de 8 cm, cette mésange serait une minuscule boule de plumes duveteuses, l’un de plus petits oiseaux d’Europe (6 cm).

De loin, son plumage paraît noire et blanc, mais le rose des épaules apparaît quand on se rapproche. En vol, elle a l’air d’un flacon ballotté de-ci, de-là, gardant le contrôle grâce aux battements rapides de ses courtes ailes.

Cette mésange vit en petits groupes composés des parents et des enfants de la saison. Pendant l’hiver, plusieurs familles peuvent s’associer pour former des bandes de 300 oiseaux et plus, qui se dispersent en fin d’hiver et les femelles célibataires rejoignent des groupes voisins.

Il est rare de croiser un groupe de mésanges à longue queue en plein vol, car elles se déplacent sur de courtes distances, d’un buisson ou d’un arbre à l’autre, le long des haies ou dans les jardins, toujours en quête de nourriture. En vol, elles dansent devant leur queue, indispensable balancier qui les suit comme un serpentin. Ce sont des acrobates virevoltant sur de fines branches. Les membres d’un clan s’éparpillent seulement pour chasser insectes, larves et œufs. Les oiseaux restent en contact grâce à leur incessant bavardage, et, au signal, ils arrêtent tous de chasser pour gagner un autre arbre.

Chaque mésange à longue queue effectue un nombre incalculable de voyages vers les bois : les champs et les fermes, en quête des centaines de plumes nécessaires à la construction du nid. Dès que les jours s’allongent, les groupes ayant survécu à l’hiver s’éparpillent. Les jeunes femelles permutent avec celles du groupe voisin. Les jeunes mâles restent et s’accouplent avec les nouvelles femelles. Leur cour consiste à battre des ailes sur place jusqu’à s’élever à une dizaine de mètres de hauteur, en déployant l’éventail de leur queue pour plonger verticalement.

Les deux partenaires choisissent un site inaccessible dans un buisson hérissé d’épines, aubépines, ajoncs ou ronciers, à environ 3 mètres du sol. Le couple apporte de la mousse, des toiles d’araignées, des brins de laine et des poils qu’ils entremêlent pour créer une structure de base. Ensuite, ils construisent de l’intérieur une fine cloison sphérique souple, avec juste un trou en haut, vers l’extérieur. L’étape suivante consiste à couvrir minutieusement tout l’intérieur du nid de trois mille fragments de lichen gris-vert prélevés sur les troncs et posés comme autant d’écailles protectrices.

Pour parachever leur œuvre, les oiseaux tapissent leur nid ‘une profusion de plumes qui maintiendront les poussins au chaud. Après 30 jours ou plus de travail opiniâtre, le couple met la touche finale à son chef d’œuvre d’un diamètre d’environ 30 cm, d’une hauteur de 35cm et d’un poids d’à peu près 30 grammes.

Début avril, la femelle pond huit à douze œufs blancs, parfois piquetés de rouge, qu’elle va couver 12 à 18 jours. Son partenaire la nourrit au nid pendant toute cette période. Pour couver, elle relève sa queue derrière elle, ce qui fait que sa tête et sa queue bouchent l’entrée du nid. Quand elle s’occupe des œufs ou nourrit les jeunes, la queue dépasse du nid. A la naissance, les jeunes ont leurs plumes. Ils sont nourris pendant deux semaines avant de devenir autonomes, mais restent dans la famille avec laquelle ils vont passer l’hiver.