L’alisier, un exemple d’adaptation

Amplitude écologique et diversité génétique caractérisent l’alisier torminal, dont la répartition est assurée par la gent ailée. Cette essence fournit un bois de qualité apprécié en ébénisterie ainsi qu’un excellent combustible.

L’alisier appartient à la grande famille des Rosacées, au même titre que son proche cousin le sorbier. Chez le premier, les fruits sont des alises et chez le second des sorbes, le terme « corme » étant réservé au cormier ou Sorbus domestica ». L’alisier torminal ou Sorbus torminalis L est un arbre à feuillage caduc de 15 à 20 mètres de haut pouvant parfois atteindre 25 mètres. Cette espèce croît rapidement mais sa longévité dépasse rarement 100 ans. Le diamètre du tronc n’atteint pas 50 cm chez les plus vieux sujets.

Une riche faculté

Voici un arbre rustique de belle allure avec son tronc droit, ses branches ascendantes et sa cime ovale bien fournie. Il drageonne bien. Son feuillage vert et légèrement brillant passe inaperçu parmi les autres arbres de la forêt, jusqu’au moment où il se pare de rouge à l’automne. Le novice peut aisément confondre la feuille de l’alisier torminal avec celle d’un érable. Mais en y regardant de plus près, la nervure de chaque lobe de la feuille se rattache directement à la nervure principale. Chez l’érable, les nervures se rejoignent en un même point situé à la base du limbe.

L’alisier torminal s’avère une essence commune en Europe, sauf en Suède et en Norvège. On signale sa présence en Afrique du Nord ainsi qu’en Asie Mineure. Chez nous, l’alisier s’enracine dans les plaines, les collines et en moyenne altitude sans jamais s’aventurer au-delà de 1 000 mètres. Il fréquent donc les forêts, les taillis, les bois et les haies. Rien d ‘étonnant jusque-là pour cette espèce thermophile. Mais ce qui fait sa particularité, c’est sa formidable adaptation à divers types de sols.

On l’observe aussi bien dans les hêtraies calcicoles du Nord-Est de la France, dans les chênaies pédonculées des régions atlantiques que dans les forêts calcaires du Sud-Est. Cette large amplitude écologique est accentuée par une tolérance quant à la teneur en eau du sol. L’alisier torminal accepte aussi bien les terrains drainants et secs que les sols profonds gardant bien la fraîcheur. Ce qui ne l’empêche nullement de s’enraciner dans des terrains marneux réputés très humides en hiver puis secs en été.

Des alises comestibles aux vertus médicinales

Les fruits oblongs et charnus de l’alisier torminal sont nommés alises ou alosses selon les régions. Ils font suite à la pollinisation courant juin des fleurs blanches à cinq pétales rassemblés en bouquets à l’extrémité des rameaux courts. Les alises, à la peau verruqueuse de couleur brun olivâtre, sont marquées en leur sommet par un ombilic. Elles sont moins grosses qu’une cerise et renferment 2 à 5 pépins noirs. Si vous les consommez avant le passage des gelées, vous serez surpris par leur goût astringent qui rappelle celui de la prunelle.

Les alises arrivent à maturité en septembre, mais il vous faudra attendre qu’elles soient blettes pour les manger crues. Récoltez celles que les oiseaux auront bien voulu vous laisser sur l’arbre. On peut en faire des confitures mais c’est surtout pour l’eau de vie d’alise qu’on prend soin de les récolter une à une. On les fait alors fermenter.

Les alises contiennent des vitamines A et C, de la pectine et du tanin. Comme le nom de l’espèce l’indique, l’alisier torminal a des propriétés médicinales réputées dans le traitement des diarrhées et autres dysenteries. Jadis, celles farineuses de l’alisier blanc étaient employées contre la toux.

Un bois dur d’ébénisterie

Dur et résistant, le bois de l’alisier torminal est d’une couleur claire qui rappelle un peu celui de l’érable sycomore. Voici un matériau de qualité qui se travaille fort bien, se tourne, se polit et se colore. Les planches sciées d’alisier torminal ont un reflet argenté. Le bois est prisé par les ébénistes, les luthiers mais aussi par les sculpteurs. On l’utilise aussi pour la gravure sur bois.

Les sujets qui poussent en taillie-sous-futaie peuvent fournir un bon bois de chauffage et un charbon de bois de qualité, les plus beaux fûts étant réservés à l’ébénisterie. Celui de l’alisier blanc servait jadis à la fabrication d’outils et de pièces de machines. Les parcs et jardins font appel aux qualités ornementales de toutes les variétés d’alisiers.