L’aubépine, un joli bois de mai

L’aubépine appartient à la grande famille des Rosacées qui regroupe 100 genres et plus de 2000 espèces. C’est donc une cousine de la rose, du pommier, du poirier, de l’amélanchier, du sorbier et du pyracantha. En France, on reconnaît trois principales espèces : l’épine blanche ou aubépine à trois styles, l’azérolier et l’aubépine à un style.

Cette dernière, baptisée « aubépine monogyne », est aussi connue comme « épine blanche » par opposition à l' »épine noire » des haies ou prunellier. Voici une aubépine commune dans toute l’Europe que l’on remarque en avril-mai, lorsqu’elle se couvre d’une multitude de petites fleurs blanches ou rosées à l’odeur caractéristique, parfois même suffocante.

Un régulateur du rythme cardiaque

Symbole de protection et de pureté dans la Grèce antique, l’aubépine ornait la porte des chambres nuptiales et les berceaux pour en chasser les mauvais esprits. Aujourd’hui, la fleur blanche est symbole d’espérance et de fidélité. Il faudra attendre le XIXe siècle pour que ses vertus médicinales soient reconnues.

C’est en effet un excellent tonicardiaque et antispasmodique. Ses fleurs contiennent deux principes actifs : l’hypéroside et la vitexine qui agissent en diminuant les palpitations du cœur notamment chez les sujets nerveux. De plus, ils agissent en dilatant les vaisseaux sanguins, ce qui diminue la tension artérielle.

En homéopathie, on recommande l’aubépine contre la nervosité, l’irritabilité, l’anxiété et l’émotivité excessive. Mais pour son effet sédatif, l’extrait d’aubépine convient pour lutter contre les troubles du sommeil de l’adulte et de l’enfant, et ce, sans effets secondaires indésirables. On peut aussi l’associer avec la passiflore. Les Anciens préconisaient l’aubépine contre la pleurésie, la goutte et les calculs. Les fruits astringents agissent contre la diarrhée et l’écorce est fébrifuge.

Transformée en purée ou en farine

Les fruits de l’aubépine ou cenelles sont petits, insipides. Ils contiennent peu de chair et une grosse graine. On les abandonne donc volontiers à la voracité des oiseaux affamés en hiver. Ces derniers participent activement à la propagation de l’espèce. Pourtant, l’homme les consomme depuis la nuit des temps. En effet, on a retrouvé des noyaux de cenelles dans des fouilles de cités lacustres.

Dans les régions du Bas Danube, on fabriquait encore récemment une sorte de pain avec les fruits moulus mélangés à de la farine. Les cenelles ont même servi à élaborer un succédané du café pendant les deux dernières guerres mondiales. Ils contiennent de la vitamine C et de la pectine. On les a donc utilisés en bouillie, en purée rouge mélangée au jus de cynorrhodons d’églantier, en boisson fermentée ainsi qu’en confiture. On peut aussi agrémenter les salades de printemps avec les fleurs blanches.

Plus de quinze siècles debout

Il faut se rendre en Mayenne, dans le petit village de Saint-Mars-sur-la-Futaie, pour admirer un des plus arbres de France. Il s’agit d’une aubépine au tronc fendu et verruqueux, qui s’est enracinée au pied du clocher de l’église voici plus de 15 siècles ! Malgré son âge vénérable, elle refleurit chaque année et porte des fruits.