Le Vison d’Europe

Le vison d’Europe est peut-être le carnivore le plus mystérieux de la faune française : son apparition dans nos eaux, récente, et sa raréfaction actuelle restent une énigme. Il semble être venu de Suisse et d’Allemagne à partir du XVIIe ou XVIIIe siècles, « envahissant » la France d’est en ouest, et disparaissant de même. Actuellement, il n’existe que dans les départements côtiers, de la Bretagne au Pays basque, et peut-être çà et là de l’Anjou au Périgord. Moins tolérant que le vison d’Amérique, il reste très lié aux calmes ruisseaux bordés de bois et de fourrés et, à l’occasion, aux lacs sauvages ou aux étangs.

Il s’attaque surtout aux rongeurs – campagnols aquatiques, mulots, rats – et aux oiseaux d’eau, mais il ne dédaigne pas les poissons, les grenouilles, les écrevisses et même les insectes.

Le vison d’Europe s’accouple de février à avril : il n’y a pas de gestation différée comme chez le vison américain : après 35 à 43 jours, il naît de deux à sept petits, aveugles mais pas nus. Ils restent avec leur mère jusqu’à l’automne.

Le vison européen n’est pas facile à distinguer de son cousin américain introduit : un mâle européen et une femelle américaine peuvent avoir des tailles similaires. Le seul critère externe de reconnaissance qui soit à peu près fiable est la lèvre supérieure blanche du vison d’Europe ; par ailleurs, le vison américain est normalement plus foncé que l’européen, d’un brun chocolat accentué.

Moins aquatique que la loutre, le vison d’Europe n’hésite pas à aller se nourrir à terre, même un peu loin de l’eau, il peut attaquer des proies de la taille d’un lapin ou d’une foulque.

Éclectique pour ses repas, le vison d’Europe fait ventre de toutes les petites proies disponibles dans ou près de l’eau. Le poisson ne tient pas une grosse part dans son alimentation.

Un terrier de campagnol aquatique ou de rat musqué fait l’affaire du vison, qui le réaménage après en avoir chassé ou tué le précédent occupant ; d’origine ou non, le terrier a une issue immergée. Le vison est fort capable de creuser lui-même l’intégralité de ses galeries.

Bon nageur, le vison se propulse dans l’eau à l’aide de ses quatre pattes : il est toutefois moins adapté que la loutre et ne semble pas avoir particulièrement une bonne vue sous l’eau. Il repère ses proies aquatiques au-dessus de la surface et il les pourchasse un peu au jugé.

Ls visons ont été lourdement persécutés par les chasseurs, les pêcheurs, les pisciculteurs et les aviculteurs, d’autant qu’ils sont moins discrets que les loutres.