L’Hirondelle de Fenêtre

Chaque année, les hirondelles de fenêtres reviennent tout près de nous, sous les rebords de nos toits où elles bâtissent leurs nids de boue séchée.

Quand les hirondelles choisissent une maison pour y nicher, c’est considéré comme un heureux présage dans la plupart des pays qu’elles fréquentent.

L’hirondelle de fenêtre passe le plus clair de son temps à sillonner le ciel pour capturer les insectes, du ras du sol à 2000 m d ‘altitude. Cet oiseau très agile glisse dans l’air comme un dard, en donnant une impression de grande facilité. Ce visiteur estival parcourt des milliers de kilomètres dans les deux sens, entre l’Afrique et l’Europe.

L’hirondelle de fenêtre est bien connue pour ses acrobaties aériennes ébouriffantes et pour son bavardage incessant.

Ses ailes noires triangulaires la propulsent avec beaucoup d’énergie et de puissance, mais lui permettent aussi de longs vols planés très rapides. A certains moments, quand elle saisit une proie, elle sait aussi se freiner en vol stationnaire. Sa queue en forme de V très ouvert, lui permet d’effectuer des manœuvres très serrées : c’est la plus agile des hirondelles. Cela ne l’empêche pas de prendre un essor prodigieux pour se lancer en plein ciel dans des figures aériennes de grande amplitude, à couper le souffle, qui sont les plus faciles à observer.

Tout aussi caractéristiques, ses « Tchirp ! Tchirip ! » aigus et incessants font partie du paysage sonore de la belle saison, de même que leur  » Prit-Prit !  » d’alarme. L’hirondelle de fenêtre gazouille aussi, sans arrêt : autour du nid, en plein vol ou quand elle se perche sur un fil. Certains y entendent la douce musique de l’été, d’autres trouvent cela plutôt insupportable. Quoiqu’il en soit, deux ou trois nichées côte à côte sous un toit, ne passent pas inaperçues : ces chuchotis n’ont rien de musical, mais ils sont agréables à l’oreille.

Le nid de l’hirondelle de fenêtre, collé à une surface verticale, est une vraie merveille d’architecture. Dès qu’elles reviennent sur leurs sites de nidification, sous les bords de toits, les hirondelles de fenêtre passent les vieux nids en revue. En effet, chaque fois que c’est possible, elles réparent et réutilisent les nids existants.

Pour réparer et pour construire, les deux partenaires pétrissent la boue qu’ils récupèrent au bord des étangs, des rivières, des mares ou des flaques proches du nid. Les premières étapes sont les plus délicates : il leur faut à la fois se poser sur le mur nu et y faire adhérer la boue. Ils choisissent d’ordinaire une paroi au nord, pour que les petits ne cuisent pas au soleil, et les surfaces rugueuses, mais peuvent se contenter d’un mur de briques. Au fur et à mesure de la construction, les oiseaux empilent les becquées de boue, comme des briques, qu’ils mettent en forme en les pressant avec leur gorge. Ils ne peuvent aller trop vite, car il faut attendre le séchage des premières becquées pour poser les suivantes. Ils commencent tôt le matin et passent la journée à chasser et à manger. Le nid fini est un hémisphère de 15 cm de diamètre, collé sous un avant -toit ou un abri, garni de plumes et d’herbes et muni d’un trou d’entrée en partie haute.

Pour élever trois couvées, le couple d’hirondelles de fenêtre compte sur l’aide des jeunes de la première couvée. Une fois le nid terminé, la femelle pond 4 à 5 œufs blancs lustrés, que les deux parents couvent pendant 14 à 16 jours. Dès l’éclosion, les adultes sillonnent le ciel pour attraper toutes sortes d’insectes volants, surtout des petites mouches, des coléoptères et des pucerons. Pendant les belles journées, elles ajoutent à ce « plancton aérien », les petites araignées portées dans l’air tiède par leurs fils de la vierge.

En fonction de la météo, les jeunes hirondelles sont prêtes à s’envoler entre 22 et 32 jours après l’éclosion. Les journées chaudes et sèches sont en effet bien plus « nutritives » que les jours de pluie. Les parents encouragent les jeunes à quitter le nid en se mettant en vol stationnaire juste devant l’entrée et en les appelant. Les adultes continueront ensuite à nourrir les jeunes, soit en plein vol, soit en se posant près d’eux sur des fils métalliques haut perchés.

Il est assez difficile de reconnaître un jeune d’un adulte, quand ils volent en plein ciel. De plus près, le dos du jeune paraît moins lustré et plus brun, comparé au bleu noir brillant du dos et des ailes de l’adulte. Après la nidification et avant la migration, les hirondelles de tous âges continuent pour la plupart à dormir dans leurs nids ou dans les arbres. Une petite minorité rejoint cependant d’autres hirondelles pour passer la nuit dans les roselières.

La plupart des hirondelles de fenêtre élèvent au moins deux couvées par an, souvent trois, rarement quatre. Les couvées très tardives d’octobre se terminent souvent par un désastre. Les parents sont toujours actifs, mais les jours sont plus courts et plus froids, les insectes rares… Et un beau jour, les adultes entendent l’appel irrépressible du voyage vers l’Afrique et abandonnent leurs jeunes inexpérimentés à une mort certaine.