La Sittelle Torchepot

Si vous voyez un oiseau dévaler un tronc d’arbre la tête en bas, c’est sûrement une sittelle, le seul oiseau capable de réaliser cette prouesse !

Elle danse sur les arbres, gambadant de haut en bas, virevoltant à droite ou à gauche du tronc avant de passer sur ou sous une branche : tel est le ballet de la vive sittelle.

Pour réaliser ses acrobaties sur les arbres, la sittelle se repose entièrement sur ses solides pattes : elles lui procurent un bon ancrage sur une branche ou un tronc d’arbre. Sa patte est pourtant faite comme celle des oiseaux chanteurs, avec trois doigts vers l’avant et un vers l’arrière. Chaque doigt est armé d’une longue griffe très aiguisée qui accroche le bois comme un crampon à glace.

Ses couleurs sable et ardoise, et son bandeau noir, distinguent la sittelle qui n’a pas besoin de dévaler un tronc d’arbre pour être reconnue. C’est sans doute l’oiseau le plus vif et le plus séduisant de nos bois. Ses pattes accrocheuses associées à sa palette de couleurs pastel, gris-bleu sur le dessus, brun chamois sur les ailes et à l’arrière et noisette en-dessous, sont un excellent camouflage. L’oiseau est assez difficile à distinguer sur une écorce nue que sur les lichens qui tapissent les troncs. Les deux bandes noires entourant et soulignant ses yeux lui donne une allure de bandit.

Une sittelle se rend d’arbres en arbres, toujours en quête de nourriture. Avant de quitter l’arbre qu’elle visite, elle émet un cri d’appel, « Tsit! » , pour alerter son partenaire de son départ. Puis elle décolle pour rejoindre en quelques battements d’ailes, un arbre proche.

Après avoir choisi un trou d’arbre, la femelle en réduit l’entrée avec de la boue pour être sûre que seuls son mâle et elles pourront y accéder et que ses petits seront en sécurité. Mars est le meilleur mois de l’année pour observer la sittelle dans les arbres. Le plumage du mâle prend tout son éclat, et c’est au printemps qu’il est le plus bruyant, voletant de çà et là en appelant « Toui! Toui! » très fort pour établir et conserver son territoire.

Quand il fait la cour à sa femelle, en avril et mai, le mâle gonfle ses flancs et expose son riche plumage brun noisette et dresse sa queue pour exhiber ses plumes blanches. Il descend à la rencontre de la femelle, tête inclinée et ailes déployées pour montrer les taches noires de ses sous plumes argentées.

Comme des écureuils, les sittelles sont des amasseurs de glands, noisettes et autres graines, qu’elles stockent comme une police d’assurance pour les jours les plus durs. Elles logent ses graines dans des anfractuosités d’écorces ou de vieux bois : au lieu de les manger, elles dissimulent le butin sous de la mousse, des lichens ou des débris de bois. Elles peuvent aussi en cacher sous les feuilles mortes ou en introduire dans des trous de vieux murs. Une carte précise de leur territoire se forme dans leur petite tête de sittelle, qui leur permet de retrouver ces garde-manger dès que nécessaire.

Pendant les périodes les plus froides de l’hiver, il arrive que les sittelles abandonnent leurs arbres familiers pour investir les jardins les plus proches. Timides, elles s’approchent néanmoins des tables à oiseaux, où elles viennent « voler » une à une des graines de tournesol, des miettes de pain, des noisettes ou des morceaux de gras.

Avant même le printemps, les sifflets éclatant de la sittelle donnent vie et âme au bois, où ses trilles clairs dominent les autres voix du chœur des oiseaux. Les sittelles ont un vocabulaire varié fait de cris, sifflements ou trilles. Surprise une sittelle émet un « Toui! » vif et sonore. Quand elle est excitée, le « Toui! Touit! Touit! » s’accélère, jusqu’à sept fois par seconde. En cas de danger, elle émet un perçant « Tsi! si! si!  » d’alarme. Le couple de sittelles utilise un langage pour rester en contact et chacun émet un « Tsit! tsit! » quand il quitte un arbre pour un autre.

Juste avant la nidification, le mâle répète une séquence de trois trilles. Ce  » Poui-hé! Poui-hé! Poui-hé!  » lancé du haut d’un arbre, prévient les concurrents que la place est prise. Cette mélodie printanière s’arrête net dès que le nid est prêt. Les adultes font alors silence, à tel point qu’on penserait qu’ils ont quitté les lieux. Pas du tout : ils pouponnent !