La Chouette Chevêche

La plus petite de nos chouettes est peut-être celle qui semble la plus familière à l’homme : on l’aperçoit parfois en plein jour dans sa position favorite aux alentours des fermes, dans les prairies, les haies, les anciens vergers ou encore les carrières.

Si vous apercevez une tache brune perchée sur une barrière, une branche basse, un câble ou un piquet, et si elle hoche de la tête à votre approche avant de s’envoler, vous venez probablement de déranger une chouette chevêche pendant sa sieste diurne.

La voix de cette petite chouette la trahit immédiatement. Au printemps le mâle lance un mélancolique « Ouiou ! ouiou : » qui se termine par une note interrogative, alors qu’un couple formé émet des « Ké-ké-ké ! » qui sonnent déjà comme des appels à leurs petits.

Chouette en réduction :

Si elle n’est guère plus grosse qu’une grive musicienne, la chevêche n’en est pas moins un oiseau de proie bien armé.
De loin la chouette chevêche passe facilement inaperçue : en effet, sa teinte gris-brun, et ses marques discrètes lui permettent de se confondre avec le décor, surtout quand elle est perchée sur un arbre. Néanmoins, c’est un oiseau facile à identifier.
Tout le monde reconnaît une chouette ; si elle est de petite taille, c’est certainement une chouette chevêche. On la reconnaît d’autant plus facilement qu’elle ne mue pas au fil des saisons, et que les deux sexes et les jeunes sont identiques.
Elle est surtout reconnaissable grâce à ses deux grands yeux dorés. En plein jour, les pupilles contractées sont cerclées de deux anneaux d’or, qui disparaissent presque la nuit pour laisser place aux deux taches sombres, des pupilles dilatées. Comme les autres chouettes, la chevêche associe une ouïe tres fine à une vue perçante. Les deux combinées lui permettent de chasser dans la nuit noire. Le moindre frémissement au sol la met en alerte et elle propulse ses serres acérées sur sa victime.

Affaires de famille :

La saison des amours commence par une cour bruyante suivie de la recherche d’un trou d’arbre où le couple élèvera une seule couvée par an.
Début février, le mâle commence à délimiter son territoire en lançant sa complainte mélancolique. Mais la cour proprement dite ne débute qu’en mars, quand les femelles répondent enfin aux appels des mâles. Le couple commence alors à échanger des « Ké*ké-ké ! » qui vont ponctuer la vie de famille. On les entend surtout à l’aube et au crépuscule, mais aussi en plein jour.
Au lieu de construire un nid, les chevêches en cherchent un déjà fait, dans un coin sombre ; trou d’arbre étêté ou vieux mur de pierres, bâtisse abandonnée…….Elles vont jusqu’à s’installer dans un nid d’écureuil abandonné, voire un terrier de lapin. Quand le couple a trouvé le nid idéal, il y revient tous les ans.
La femelle pond trois à six œufs ronds blanc mat, fin avril ou début mai, avant de commencer à couver. Après l’éclosion, au bout de 28 jours, elle reste au nid pour réchauffer et nourrir les poussins, totalement dépendants. Comme pour marquer leur confiance réciproque, parents et poussins ferment parfois les yeux en même temps.
Le mâle chasse pour nourrir toute la famille jusqu’à ce que les jeunes, à deux semaines, soient assez forts pour se défendre, mais pas encore autonomes. La femelle se joint alors à lui et ils chassent de concert jusqu’à ce que les petits possèdent toutes leurs plumes, à quatre ou cinq semaines.

Le Chasseur du Crépuscule :

Lorsqu’elle est perchée, la chouette chevêche se livre à une étrange pantomime.
La chouette chevêche est active de jour mais l’essentiel de la chasse se déroule la nuit. En deux périodes : jusqu’à minuit, puis de 2 heures à l’aube.
Ces prédateurs opportunistes capturent des petites proies se promenant au sol ou dans les branches ? Pas très agiles en vol, elles attrapent tout ce qu’elles peuvent d’un seul coup d’aile.
Toute l’année leur menu est constitué d’insectes, coléoptères, papillons et de petits rongeurs, mulots ou campagnols ; mais elles ne dédaignent pas non plus escargots, mille-pattes, criquets, sauterelles, tipules ou hannetons.
Pendant la nidification, la chouette chevêche s’attaque à d’autres proies : rats, lapereaux, grenouilles, lézards et oisillons qu’elle surprend dans leur sommeil.
Comme les autres chouettes, elle avale la plupart de ses proies d’un coup. Les puissants sucs de son estomac digèrent les parties nutritives. Les éléments indigestes, tels les os, dents, chitine des insectes, sont compactés en bâtonnets de 5 cm, gros comme nos doigts, que la chouette rejette régulièrement. L’accumulation de ces bâtonnets gris indique la présence d’un nid de chevêches.

A 21 jours, les jeunes chouettes chevêches ont bien grandi. Toutes rondes, elles ont à peu près la taille d’une balle de tennis et arborent les mêmes couleurs que leurs parents, sans taches blanches sur la tête.
Ces oisillons commencent à explorer les environs de leur arbre creux. Ils s’aventurent sur les branches les plus proches. Les plus intrépides sont assez souvent capturés par les prédateurs ou dégringolent en bas.
Quand un parent revient avec une proie, il est accueilli par un chœur enthousiaste, jusqu’à ce que chacun soit nourri, mais tout le monde se tait instantanément en entendant le « Kit-kit-kit ! » d’alerte d’un adulte.
A 10 jours, les jeunes ont leurs vraies plumes, mais les adultes continuent de les nourrir pendant encore cinq semaines jusqu’à ce qu’ils soient autonomes. Puis ils quittent le domaine familial pour aller créer leur propre territoire.