Inénarrable Mésange Charbonnière

Les prouesses quotidiennes de la mésange charbonnière sont souvent dignes des meilleurs sketches !

Pas de répit quand vous observez une acrobatique mésange charbonnière patrouillant dans un jardin ou dans un bois au printemps, qu’elle cherche des insectes sur un tronc d’arbre pour nourrir sa famille , ou encore lorsqu’elle sautille sur une table à oiseaux ou qu’elle se balance au bord d’une mangeoire.

Elles ne sont jamais longtemps muettes non plus et passent leur temps à se lancer des « tssi tssi ! » de contact et des « tuit tuit !  » plus musicaux. Dès la fin de l’hiver, les mâles déploient un répertoire plus étendu, d’au moins trente-deux chants différents, qui semblent annoncer le printemps et leur servent à s’affirmer avant les noces.

Avec ses plumes multicolores et son bavardage incessant, la mésange charbonnière ne peut passer inaperçue. Bien qu’elle soit un oiseau commun des bois, haies et jardins, la mésange charbonnière mérite quelques mots. Elle est non seulement la plus grande des mésanges , mais elle possède une vitalité étonnante et une vive intelligence.

La mésange charbonnière est un oiseau sociable, vivant en bandes sauf quand elle nidifie. En vol, une hiérarchie s’établit, avec les vieux mâles au plus haut et les jeunes femelles tout en bas. Les femelles grimpent dans la hiérarchie en s’accouplant avec des mâles hauts placés. Quant les mésanges charbonnières se déplacent , elles chantent ou s’appellent.

Elles se nourrissent et se battent en émettant des « ssi ! ssi ! », « tchi ! tchi ! » ou « ssi ! tuit !  » ; ainsi qu’un curieux « tching !  » d’alarme chez les adultes qui se sentant menacés, envoient la bande à couvert. Au début de la saison, le mâle lance des « tuit ! tuit !  » , qui évoque ….une pompe à vélo qui fuit !

Les mésanges charbonnières ont la réputation d’être agressives et querelleuses . Sur les tables à oiseaux, elles se livrent même à une guerre ouverte avec les autres petits oiseaux. Elle utilise sa taille pour les chasser et s’emparer du butin. L’activité favorite de la mésange charbonnière est le larcin quotidien. En automne, elle suit les autres mésanges dans les bois et les espionne pour voir où elles cachent leurs réserves de nourriture… qu’elles iront allègrement piller par la suite.

Dés février, chaque mâle délimite son territoire. Il hoche de la tête, gonfle sa poitrine pour élargir sa bande noire et intimider ses congénères. Une large bande noire indique à la femelle que le mâle fera un bon père.

La nidification intervient vers la fin mars. Les mésanges s’installent dans un trou d’arbre ou une boîte à nicher, mais elles trouvent parfois des sites saugrenus, boîtes aux lettres ou feux rouges. Le mâle sélectionne plusieurs sites, puis il emmène la femelle en visite pour qu’elle choisisse.

La femelle couvre le fond du trou avec de la mousse et des herbes sèches, puis elle façonne une coupe qu’elle tapisse de poils , de laine, parfois de plumes. Cela l’occupe pendant 20 jours , puis elle pond 5 à 12 œufs qu’elle couve 16 jours, pendant lesquels le mâle la nourrit régulièrement. Si elle est dérangée, la femelle déploie sa queue, hérisse des joues et bat des ailes à l’entrée du nid. Elle siffle comme un serpent ou des abeilles pour effrayer l’intrus. Après une visite de nourrissage, l’un des parents évacue un sac de déjections, qui contient les détritus produits par les petits. Puis il l’emporte loin du nid pour éviter d’attirer l’attention.

La mésange charbonnière passe son temps à prospecter les écorces , les feuilles et les buissons en quête de nourriture. Du printemps à l’été, mouches, mites, pucerons , papillons, scarabées, guêpes, abeilles, punaises des bois, araignées… forment son ordinaire.

Les trois semaines précédent la ponte, la femelle se gave.Les 10 à 12 jours suivants, elle produit l’équivalent de son poids en œufs. Pendant qu’elle couve, elle émet un « zzid ! zzid ! zzid ! » pour demander à manger à son partenaire. L’éclosion des œufs coïncide avec l’arrivée des chenilles, teignes, mites..

D’abord le mâle nourrit tout le monde avec ce qu’il trouve. Puis, la taille des proies augmente avec celle des petits. Dès que les nouveaux-nés sont âgés de 5 jours, les parents chassent tous deux, rapportant des centaines d’insectes au nid chaque jour. Ils leurs donnent de petits gravillons pour les aider à digérer et des coquilles d’escargots dont le calcium va renforcer le squelette.

La proportion d’araignées augmente au bout des 6 ou 7 premiers jours, car les petits mettent leurs premières plumes à 5 jours et les araignées procurent la cystine, un acide aminé indispensable pour les plumes.

Quand le temps devient plus frais, les insectes plus rares et les jours plus courts, les mésanges charbonnières mangent de plus en plus de graines et elles commencent à visiter les tables et les filets à oiseaux.

L’intelligence de la mésange charbonnière est manifeste. Pour ne pas perdre de temps , si l’une d’entre elles trouve un gland, elle le frappe de son bec en période insectivore. Si le son rendu est plein , elle l’abandonne , s’il sonne creux, il y a peut être un pensionnaire qui s’y loge ! Quand elle prospecte un arbre, la mésange charbonnière inspecte l’envers des feuilles pour chercher les chenilles qui imitent la couleur des feuilles qu’elle déloge quand même.

La vivacité de la mésange charbonnière en a fait un oiseau tantôt symbole de fragilité, tantôt de dynamisme. Si la pugnacité des mésanges est réelle quand leur nid est menacé, elles sont assez sagaces pour ne pas livrer un combat perdu d’avance. Les parents font beaucoup de bruit, se démènent , mais cèdent la place devant un adversaire trop puissant. Les mâles sont les plus agressifs, ils tentent toujours de rameuter leur femelle, voire d’autres petits oiseaux, face à un danger.