Le Sanglier

Le sanglier, timide et prudent recherche l’abri des forêts de feuillus aux riches sous-bois où malgré sa corpulence, il circule facilement dans les fourrés les plus impénétrables, sa tête triangulaire l’aidant à se frayer un chemin ; mais il quitte souvent l’abri de la forêt pour faire des incursions dans les champs et les prés.

Il affectionne aussi les zones marécageuses, les creux remplis d’eau croupie où il aime se baigner, se vautrer et ensuite se frotter contre les troncs d’arbres afin de se débarrasser de la boue et des parasites. La facilité avec laquelle cet ongulé pesant et court traverse les marais tient à la conformation des doigts qui sont réunis par un repli de peau, ce qui augmente largement la surface du pied et évite à l’animal de s’embourber.

Le sanglier vit surtout la nuit et aime le calme. Il sort se nourrir alors qu’il fait encore jour et ne va se coucher qu’après le lever du soleil. Il est le seul ongulé qui ne soit pas ruminant mais un omnivore, au régime très varié. Son groin doué de mobilités et ses canines inférieures, appelées « défenses » ont la particularité de se développer et constituent de véritables instruments de labourage avec lesquels il déterre, au cours d’une recherche patiente et laborieuse, bulbes, racines, insectes, vers, larves, limaces ou coquillages.

Il se nourrit de petites plantes herbacées, de fruits, de bulbes, souris, vers, limaces, oisillons et œufs d’oiseaux et de champignons mais sa nourriture préférée comprend les glands et les faînes. Il retourne les galeries des lapins ou des rats taupiers et ne dédaigne pas la petite faune de la forêt, surtout lorsqu’il trouve des animaux malades ou blessés. C’est un amateur de grenouilles, de vipères dont il ne craint pas les morsures tant sa peau est épaisse et sa couche de graisse sous-cutanée importante.

De ce fait, il joue un rôle dans l’équilibre de la faune car il limite le développement de la vermine. Mais cet avantage ne compense pas les dégâts occasionnés, au cours de ses excursions nocturnes, dans les cultures qui se trouvent aux abords des bois. Un groupe de sangliers est capable de saccager aussi bien les champs de pomme de terre que les champs de céréales, les vergers que les cultures maraîchères où ne subsisteront que les empreintes caractéristiques de leur piétinement. Ils fréquentent également les prairies pour chasser des mulots et divers insectes souterrains.

Le sanglier est utile pour le forestier. Là où il y a des sangliers, celui-ci n’a pas à craindre la multiplication de divers insectes dont le développement se fait en partie dans le sol, tels les hannetons, les phalènes car, en fouillant, il détruit leurs larves ou chrysalides. De même, en remuant la terre, il l’ameublit et y enfouit les semences des arbres forestiers, favorisant la régénération naturelle de la forêt. Si les prés retournés ne réjouissent pas les agriculteurs, le sanglier compense cet inconvénient en y détruisant les larves nuisibles.

Les défenses sont arquées et tournées vers le haut ; elles tiennent lieu non seulement d’arme d’attaque mais de levier pour déterrer la nourriture, tout comme les canines supérieures appelées « grès ». Les défenses et les grès se frottent entre elles et s’usent. Les défenses de la laie sont plus courtes que celles du mâle.

La femelle (laie) accompagne ses petits et les mâles ne se joignent au groupe qu’à l’époque du rut ; ils se livrent alors des combats en apparence sans merci pour la conquête d’une femelle. A cette époque, la mère abandonne ses petits qui, provisoirement, se débrouillent seuls. La laie défend avec ardeur ses petits appelés marcassins.

Les sangliers se déplacent le plus souvent d’un pas tranquille mais, en cas de danger savent se montrer d’une vélocité extraordinaire et peuvent sans mal parcourir 20 km en une nuit, en quête de nourriture.

Le rut commence en octobre ; à cette époque, le mâle dégage une odeur désagréable. La femelle a des portées variant de deux à huit petits qui naissent après seize ou dix-sept semaines de gestation. Les marcassins passent les deux premières semaines de leur vie à l’abri dans un creux du sol appelé « chaudron » que la laie a eu soin de recouvrir d’un tas de verdure. Jusqu’à l’âge de trois semaines ils tètent goulûment leur mère auprès de laquelle ils viennent se ravitailler toutes les quarante-cinq minutes.