Le Pinson

Au printemps, le pinson n’est pas seulement l’un des plus beaux oiseaux du jardin, c’est aussi l’une de ses plus belles voix, qui reprend sa chanson plus de 3000 fis par jour.

Les pinsons disputent aux merles et roitelets le titre d’oiseau chanteur le plus connu d’Europe occidentale. Ils nichent et chantent régulièrement dans les jardins au printemps et visitent les mangeoires à oiseaux pendant l’hiver.

Chez le pinson, le mâle prend toutes les couleurs. La femelle plus petite, arbore un brun olive sobre sur le dos, plus pâle sur le front. Ce fond presque uni rejoint sa croupe d’un vert de mousse et deux larges rayures blanches ornent chaque aile. Ces couleurs ternes forment un bon camouflage, très utile quand elle couve. Le mâle a aussi pris le meilleur du chant. Celui de la femelle est limité aux contacts et aux signaux d’alarme.

Jardins et forêts seraient des endroits beaucoup moins agréables sans un gracieux pinson pour les illuminer. Les plumes élégantes et la voix raffinée du pinson mâle sont un don de la nature. Un regard attentif révèle sa couronne et sa nuque bleu ardoise, le trait noir de son bec et la pleine beauté des marques de sa poitrine brun noisette.

Le pinson a un bec fort au bout pointu bien adapté à son régime alimentaire fait de graines et d’insectes. Il creuse le sol ou les arbres, et c’est un vif et fervent adepte de la chasse aux insectes volants. Au début du printemps, le pinson fait de véritables festins de moucherons et de pucerons qui infestent les arbres et les arbustes.

En vol les pinsons progressent d’une manière saccadée. Leurs nombreux battements d’ailes donnent assez de puissance pour s’élever, puis ils manquent un battement, replient les ailes sur les côtés du corps et redescendent un instant. Cette manière de monter et de se laisser glisser de haut en bas se répète indéfiniment. Au sol, quand ils progressent à petits sauts hésitants pour chercher leur nourriture, les pinsons ont l’air de se promener.

En automne, le vif et joli pinson adopte un mode de vie plus sociable, plus calme pour survivre à l’hiver à venir. Fin juillet, quand la couvaison est achevée, le pinson mâle se met s siffloter plus bas. Le « pink! pink! » d’alarme et le ‘chip! chip!  » d’appel en vol des deux sexes s’entendent toute l’année. Les pinsons abandonnent alors leur territoire et, après la mue, deviennent plus grégaires. Ils se rassemblent dans les champs dégagés ou avec les mésanges dans les bois. Ce groupe peut être rejoint par un autre pinson appelé le pinson du nord, qui est un visiteur hivernal de nombreuses régions. Au crépuscule, tous les oiseaux d’une bande se perchent ensemble.

Pendant les froides et courtes journées d’hiver, les pinsons font partie des visiteurs les plus assidus des mangeoires à oiseaux, en prenant toujours la nourriture sur le sol. Pas assez agiles pour grimper jusqu’aux distributeurs, ils prendront du melon, du potiron ou des graines de tournesol qu’ils ouvriront à l’aide leur bec puissant.

Au début de février, la voix du pinson mâle est l’un des premiers signes de l’arrivée de la douceur du printemps. Les groupes se séparent et les pinsons deviennent territoriaux. Ils reprennent leurs couleurs éclatantes, et chantent pour séduire les femelles et repousser les rivaux. Les concours de chant sans vainqueur se terminent par des rixes. Le pinson mâle éblouit sa future compagne par des chants et des parades. Perché tout raide, il dresse les plumes de sa couronne en une petite crête et se tourne lentement d’un coté à l’autre pour arborer les bandes blanches de ses ailes.

La femelle élue désigne l’endroit pour le nid, en général au bas d’un arbrisseau ou dans la fourche d’un arbre proche. Quand il ne chante pas ou ne garde pas le nid, le mâle l’aide en apportant du matériel. Une nuit suffit à la femelle pour construire une coupe de mousse et d’herbe, assemblée avec des poils et des feuilles. Elle la décore de cheveux et de toiles d’araignée, une fois le lichen en place. Quand elle a terminé, cette merveilleuse construction est presque invisible dans son environnement. Elle dépose 4 à 6 petits œufs bleu-vert tachetés de larron-violet dans le nid.

Pendant les deux semaines que durent la couvaison de sa compagne, le mâle la surveille avec dévouement. Après l’éclosion, les deux parents enfournent becquée après becquée de larves dans les becs perpétuellement ouverts des petits. La quantité de nourriture ainsi apportée tourne autour de 4000 chenilles par semaine. Au bout de deux semaines, les oisillons sont aussi grands que leur mère et prêts à s’envoler.