Le Bouvreuil

Quand on rencontre un bouvreuil mâle en train de décortiquer des bourgeons d’arbres fruitiers, on est de suite frappé par ses vives couleurs.

Les occasions d’observer tout à loisir un bouvreuil mâles sont aussi rares que brèves. Les bouvreuils ; qu’on trouvait autrefois en nombre, se font de plus en plus rares dans nos campagnes. Tout au mieux peut-on apercevoir son croupion blanc, alors qu’il file, tel une flèche, sous le couvert d’une haie ou d’un buisson.

Ils ne volent jamais très loin de leurs abris dans les halliers, les taillis ou les fourrés.

Le bouvreuil émet un chant timide, ‘diou »! diou! », qui s’apparente au son d’une flûte de Pan. S’il se sent observé, il cesse de chanter. Les bouvreuils en vol communiquent par des sifflements et sont très faciles à localiser.

Avec sa poitrine pivoine, sa calotte noir d’encre, son dos gris et son croupion blanc, le bouvreuil mâle affiche une beauté plutôt tapageuse. Les couleurs incandescentes des flancs, de la gorge et de la poitrine du bouvreuil mâle en font l’oiseau le plus rutilant de sa famille.

Même dans la famille des fringillidés, il étonne. Plus posé que le pinson guilleret ou l’agile chardonneret, il descend rarement au sol, où il sautille d’ailleurs plutôt maladroitement.

Ce n’est pas un fignoleur du nid, ni un grand chanteur. Il n’est pas non plus aussi sociable que le pinson ou le chardonneret, et vit surtout en couple, ou en unités familiales réduites pour passer l’hiver, et ne se joint pas à des groupes plus importants pour battre la campagne. Ce n’est qu’à l’approche des nuits les plus rudes qu’on voit se percher des bouvreuils parmi les bandes mêlées d’autres petits oiseaux.

Pour éviter d’attirer l’attention des prédateurs, le bouvreuil construit son nid et nourrit ses petits en toute discrétion. Les bouvreuils construisent leur nid plus tard que les autres oiseaux ; ils attendent que les feuilles des arbres aient poussé pour le mettre à couvert en essayant de ne pas attirer l’attention.

Les prédateurs : pies, geais, fouines, belettes et chats trouvent les nids cachés et dévorent les œufs ou les petits. La plupart des couples élèvent deux couvées de quatre à six jeunes par saison. Lorsque les plantes montent en graine, les plus vaillantes élèvent une troisième couvée. La saison de nidification dure ainsi d’avril à août ou septembre.

Le mâle multicolore cherche un site au cœur d’un buisson touffu, dans un if ou un houx. Il laisse sa partenaire construire un nid de brindilles et de mousse, en forme de coupe tapissée de radicelles et de poils. Puis la femelle pond quatre à six œufs gris-bleu pâles, ponctués et rayés de bordeaux. Elle couve seule, son plumage terne lui procurant un bon camouflage. Pendant ce temps, le mâle la nourrit sans relâche.

Pour attirer l’attention de la femelle, le mâle va se percher au sommet des arbres les plus hauts du voisinage. Puis il dresse la tête et gonfle les plumes resplendissantes de sa poitrine. Puis, frétillant de la queue et hochant la tête, il lance son chant le plus puissant. Quand la femelle se montre sur une branche voisine, il vole la rejoindre. L’un contre l’autre, ils se frottent bec contre bec. Puis le mâle retourne sur son perchoir précédent où elle le suit. Progressivement les deux oiseaux se rapprochent de nouveau, en échangeant des caresses et des « bécots », au sens propre, de plus en plus passionnés, tout en dansant sur leur branche.

Les bouvreuils fréquentent peu les tables à oiseaux, mais parfois, en hiver, la faim les ramène au jardin où ils trouvent un complément de nourriture… Ils apprécient les graines de colza et de tournesol, ou les noisettes décortiquées dans les sacs, mais il ne pas ouvrir les coquilles. Leur bec leur permet de rompre les graines tendres, les fruits ou les coquilles des petits escargots. Les plantes du jardin leur offrent aussi des graines et baies. En début d’année, ils écalent les cosses d’arbrisseaux d’ornement, au printemps, ils se tournent vers les bourgeons fruitiers et l’été leur apporte des fruits tendres.

Peu apprécié des jardiniers, le bouvreuil n’en suscite pas moins l’admiration d’un public séduit par ses brillantes couleurs et la cour passionnée qu’il fait à sa belle.

Les dégâts provoqués par le bouvreuil sont liés à la production de frênes ; une bonne année, ils seront légers, mais si les frênes ne fructifient pas, les bouvreuils peuvent ravager les vergers.

  • Il dépouille un arbre à raison de 10 à 30 bourgeons à la minute. Un oiseau peut dévorer la moitié des bourgeons d’un poirier en un jour
  • Il a une préférence pour certaines variétés de pommiers, de cerisiers, de poiriers et de pruniers. Les bouvreuils se ruent sur les futures poires Williams ou Conférence, mais ils ignorent les bourgeons des poires Comice.
  • Ce comportement s’explique par la forme de son bec, très adaptée, et par le fait que ce végétarien ne trouve, à un moment de l’année, rien d’autre à manger et les bourgeons sont peu nutritifs.